De nombreux couples hésitent à parler du deuil périnatal. Qu’est-ce qui vous a poussée à franchir le pas ?
Avant d’envisager une publication, l’écriture m’a d’abord permis de retracer la grossesse atypique que nous avions traversée, afin de ne rien oublier de l’histoire de nos filles. Au cours des mois qui ont suivi cette écriture thérapeutique, nous avons réalisé que le deuil périnatal était mal compris autour de nous, voire même tabou. Je tenais à briser ce silence qui me pesait, et à rendre un bel hommage à mes filles.
Que conseilleriez-vous à l’entourage de personnes confrontées au deuil périnatal ?
Je leur conseillerais de ne pas minimiser cette épreuve, de lire des témoignages pour mieux comprendre, et de laisser le temps aux parents d’avancer à leur propre rythme. Il est normal que les parents aient besoin de parler régulièrement du bébé disparu. Cela ne signifie pas qu’ils ne vont pas de l’avant, au contraire. Faire exister le bébé et sa reconnaissance aux yeux des autres est primordial pour faire son deuil.
Avez-vous des exemples sur la façon d’aborder le sujet ?
N’ayez pas peur de raviver la douleur des parents ou d’être maladroits. Evoquez le prénom de l’enfant décédé sans crainte. Un simple message de pensée envers le bébé disparu nous touche, et cette petite attention est d’autant plus appréciée aux dates d’anniverciel (date du décès). Il est important de sentir que le bébé absent n’est pas oublié et a une petite place dans la vie actuelle.
A qui ce livre s’adresse-t-il ?
A tous, paradoxalement, ce livre est un témoignage de vie, n’ayez pas peur de vous lancer dans sa lecture. Evidemment, il s’adresse à toute personne qui a perdu un bébé, lire un témoignage sur le deuil périnatal peut aider à se sentir moins seul et à mieux comprendre les émotions et difficultés traversées. J’en ai moi-même ressenti le besoin avant de me lancer dans l’écriture. Mais aussi à l’entourage des parents endeuillés, à tous ceux qui souhaitent comprendre ce qu’est le deuil périnatal, aussi bien sur un plan personnel que professionnel. Je pense notamment aux professionnels de santé en lien avec la périnatalité.
Comment allez-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, avec mon mari Guillaume, nous sommes très heureux et comblés aux côtés de notre troisième fille Adèle. Je n’oublie rien de notre expérience passée, et mes filles Héloïse et Céleste sont toujours dans mon cœur. L’ensemble de ma petite famille me donne une force insoupçonnée au quotidien et me rend fière.